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Et la Lumière fut...

  • Photo du rédacteur: Aurélie Bergier
    Aurélie Bergier
  • 16 juin 2024
  • 20 min de lecture

Dernière mise à jour : 5 juil. 2024

Récit d'un voyage entre les mondes...



Nous étions en juillet 2014. Je sortais d'une semaine de festival de rue avec une grosse angine et certainement une fatigue lasse de ces festivités auxquelles je m'étais livrées. Je me reposais tant bien que mal chez une amie habitant dans la campagne de Gap. Quelque mois auparavant j'avais effectué mon premier grand voyage en solitaire, celui des 7 mois en Asie du Sud Est. J'avais posé une disponibilité de l'hôpital et je m'en étais allé... De retour au pays, je m'étais mise à faire le tour des amis dans l'attente, l'espoir, qu'une décision se dessine quant à mon retour sur Marseille ou mon exploration dans une autre forme de vie.

Et quelque chose arriva.

Quelque chose vient me déranger comme dirait Cocteau, me sortir de mon rang, plus franchement, me bouleverser.




Quelque chose s'est passé dans la nuit, et le propos n'est pas ici de vous le raconter dans les détails mais plutôt de vous témoigner de ce qui a changé ma vie.

Une sortie de corps ou encore un voyage astral, ou, puisque l'Astral est vaste et étagé, disons plus simplement, un voyage entre les mondes, entre ces mondes qui nous entourent et qui recèlent de l'Invisible.

Tout commença au beau milieu de la nuit quand je me réveillai à une heure particulière (que j'apprendrai plus tard être l'heure de naissance d'une femme présente dans la maison, Marilyn), dans un état que je qualifierais d'Unité. Une unité que je n'avais encore jamais éprouvée et qui se situait entre un sentiment d'alignement profond, ou encore d'être à ma juste place, dans la profondeur, la gravité et la simplicité de l'existence. Non pas un état de grâce béate, mais un état de justesse où tristesse et joie se mélangent, s'imbriquent, se confondent, au-delà de toute dualité. Assise au bord du lit, mes bras vinrent m'entourer telle une étreinte salvatrice et les larmes coulèrent comme coule une petite fontaine, sans pourquoi, simplement pour adoucir un coeur, certainement carencé, et lui permettre d'évacuer un surplus inapproprié. Je me vis alors comme un petit bébé que je berçais pour le réconforter et simultanément, l'intuition profonde de bercer l'enfant que fut Maryline se manifesta. Je me berçais, je la berçais. Je pleurais pour moi, je pleurais pour elle. Mes larmes m'hydratait de la même manière qu'elles abreuvaient et pansaient son coeur à elle.

Je compris plus tard l'enseignement de cette première connexion :Toi et l'autre, c'est la même chose. Quand tu soignes l'autre, tu soignes une part de toi. Quand tu prend soin de toi, tu prends soin de l'autre. Nous sommes tous reliés. Tous nos degrés de conscience s'interpénètrent pour s'éveiller mutuellement. Bienvenu dans la circularité propre à toute relation, notamment celle du soin.



A la suite de cette assise, rappelée par le sommeil et la nuit faisant, je m'allongeai dans le lit à l'affut d'un évènement. Quand bien même mon mental trouvait la chose absurde, j'étais persuadée qu'il y allait se passer quelque chose derrière la porte. Derrière la porte et dans cette chambre. Impossible de dire quoi mais je me rappelle être restée un moment à fixer la porte jusqu'à ce que je concède à me retourner sur le dos, enfiler mon traditionnel masque pour les yeux et mes immanquables boules Quies.

Et la Chose ne tarda pas.

Mon corps tomba dans une lourdeur paralytique et je senti comme deux grands bras de lumière voulant me cueillir pour m'emmener vers le haut. Mon mental encore actif refusa, une fois, deux fois, et fini par céder à cette puissance énigmatique la troisième fois, ...chiffre clé pour tout aboutissement. C'est alors que mon corps se souleva de sa propre matière biologique à environ 1m 50 du lit pour entrer dans une forme plus subtile. Première expérience de mon corps de lumière, dit encore, corps énergétique, corps astral, corps éthérique. Dans un mouvement circulaire, les deux grands bras me firent faire le tour de la chambre à coucher afin que je voie la nuit, la pénombre et le ciel étoilé. Autant vous dire que dans cet état de ma propre matière, mes sens, au départ étouffés par un masque et des bouchons d'oreille, étaient plus que fonctionnels ! Deux grands faisceaux verts. Voilà comment je senti mon regard quand mes yeux de lumière se sont ouverts, dévoilant le doux clair obscur de la chambre et, sans charpente ni toit, le ciel nocturne chargé d'un infini cosmique, m'invitant à considérer notre propre origine stellaire.

Shramana, celui qui voit dans la nuit. Celui dont le regard perce au-delà des sens , celui qui voit au travers et dont le regard soigne.


Je le comprendrai plus tard quand des patients me diront ''Il suffit que vous nous regardiez...'' ou lorsque, quand mon regard, posé dans les yeux d'un autre, c'est un drame de son âme qui m'apparaitra.


Les deux grands bras ont poursuivit leur petite ballade entre les mondes. Nous passâmes à travers la porte fermée, comme une goutte d'eau devient vapeur puis nous allâmes très rapidement au bout du couloir dans le porche de l'entrée où j'entendis le mot Manu. Sans comprendre...

Puis la force me fit faire le chemin retour à vitesse grand V pour me déposer au creux de mon lit dans mon corps de coeur battant. Je dormi profondément. Je rêvai. Des rêves symboliques, des enseignements spirituels, des visions chamaniques d'une autre cosmogonie où l'Amour, la Reliance, la Complémentarité entre tout être, tout système de pensée, toute discipline est la règle d'or.



Quand je me réveillai après une bonne matinée, surprise : mon angine persistante avait radicalement disparue ! J'étais guérie. Guérie d'un mal ordinaire, et certainement de plus.

Au centre de ma tête, une voie en sourdine, d'une douceur enveloppante, me chuchotai : Plus jamais seule.

Un long chemin allait commencer.


Je mis un temps au bord du lit pour considérer ''cette folie'' qui m'était arrivé. Non, je n'étais pas ''psychotique''. Ce phénomène extra-ordinaire que la nuit m'avait fait vivre ne relevait pas d'une hallucination corporelle, ni d'un délire sensitif. Tout Cela était bien réel mais comment le qualifier, moi qui m'étais toujours basée pour penser le monde sur un référentiel psychanalytique, phénoménologique, psychiatrique ? La question de la folie, de ce que l'on nomme hallucination auditive, kinesthésique, phénomène de corps, prenaient un autre tournant. Mon système de pensée inopérant, faussé, obsolète était en train de vivre une mise à jour essentielle.

Indéniablement les mots me manquaient pour décrire cette expérience nouvelle d'un ordre spirituel. Mais les deux amies qui dormaient sous le même toit, avaient, elles aussi, passé un nuit singulière habitée de réveils nocturnes signifiants. Nous nous retrouvâmes pour en parler. Trop peu de temps à mon goût car nos obligations en ce dimanche matin nous emmenaient ailleurs. Pas de sortie de corps pour elles deux, mais des phénomènes matériels, véritables manifestations d'un Au-delà où la matière s'était faite vivante. Dans ces '''bizarreries'''nos trois nuits restaient reliées. Maryline, encline au chamanisme, comprenait ce qui m'était arrivé et semblait ne pas s'en inquiéter. Mélanie, elle, était quelque peu dépassée. Quant à moi, mon cerveau, inaccoutumé à cette catalyse de synchronicités me laissait totalement intranquille. Il me faudrait creuser, chercher, investiguer pour saisir le sens de tout cela. Je ne pourrai pas en faire fi. Désormais je n'étais plus la même. Ma vision du monde s'ouvrait sur une autre porte, mais laquelle ? Pourquoi moi, pourquoi cela ? Une foule de questions qui se perfectionneront dans les mois et les années qui suivront.


Evidemment, vous vous en doutez, et pauvre de moi, les temps qui suivirent furent marquer par d'autres phénomènes médiumniques !

Voilà que je ressentais les Présences, l'Invisible, que je ressentais la noirceur, ce que j'appelais à l'époque, la '''mauvais énergie'''ou la ''bonne énergie''. J'étais prise d'envies subites de claquer dans les mains pour nettoyer les espaces que je traversais, parler à celleux que je sentais, ici ou là, pour leur dire de déguerpir. Je brûlais de crier sur les toits ''Nous sommes des ÊTRE DE LUMIERE ! des ÊTRE SPIRITUELS, il y a UNE VIE APRES LA MORT !

Mais les amies à qui j'osais en dire délicatement quelque mots, me regardait bizarrement. Mon discours déclenchait des silences malaisants. Je dérangeait à mon tour. Je compris que personne ne voulait entendre parler de ça. Dénégation de masse concernant notre origine divine. Bien plus tard je compris que ce mécanisme de défense ou cette incroyance, était lié à des traumatismes psycho-corporels anciens et antérieurs, porté par des âmes blessées dans leur essence. Heureusement que nous n'étions pas en pleine Inquisition ! puis-je dire aujourd'hui avec un certain humour, celui d'une âme qui sait qu'elle y est passée de différente manière, comme un peu d'ailleurs toustes ces confrères et consoeurs qui se retrouve aujourd'hui à soigner, aider, guérir de multiples manières. Fammille d'âme oblige, le médecin d'aujourd'hui fut un guérisseur d'autrefois... entre autre.

Mais en aout 2014, le poids de ce jugement, à la fois extérieur et intérieur, et la honte qui en découlait , me laissait instable. Etiquetée, jugée, incomprise, je n'avais plus qu'à me taire. N'étais-je pas folle, moi aussi, comme tout ces patients dont je prenais soin depuis toutes ces années ? N'étais-je pas passée de l'autre côté de la barrière ? La frontière entre normal et pathologique est si fine... Des égrégores de doute me taraudaient ça et là, questionnant les fondement de notre Identité.

Par ailleurs, cette autre dimensions dans laquelle j'avais été parachutée subitement et dont j'étais loin de saisir toute l'immensité, le sens et la splendeur, me laissait perplexe face à toute nos mondanités et autre dénis bien ficelés. Quand les centres supérieurs s'éveillent, il est nécessaire de se réinventer et de réinventer son art de vivre. Nous ne sommes plus un humain cherchant la spiritualité mais un un être spirituel qui vit un passage sur Terre. L'ego, le désir, la convoitise, la société de consommation, le capitalisme, la concurrence, la jalousie, l'envie... nous apparait comme des facéties. Une autre vie me faisait de l'oeil. Toujours bien ancrée et bien sur Terre, mais plus modeste, plus sobre, plus conscience, plus engagée, plus responsable, plus humaniste .

Mais la Magie, l'âme agit, qui me surpris à cette époque de troubles, avait bien pensé les choses. Ce passage existentiel était purement initiatique, comme toute ex-périence, de ex-perire, traverser les périls. Il n'avait d'autre fonction que de me reconnecter à de vieilles mémoires de cette vie et de vies passées, pour libérer le quantum d'affects de vieilles blessures traumatiques mémorisées au coeur de mes cellules. Une fois la reviviscence passée, les cellules libérée, la conscience éclairée, je pourrais soigner à mon tour et être une de celles qui sait écouter, panser, purifier ces blessures.

La souffrance est LE passage essentiel pour s'éveiller. Elle purifie et porte en elle des enseignements transformateurs. Le mal dit...


A cet instant, il me fallait penser mon adresse et trouver des oreilles bienveillantes et affutées.



Cela arriva en son temps. Tout est juste, parfait disent certain et tout fini par arriver. Là où, dans l'Astral, tout est instantané, sur ce chemin terrien, Patience est de rigueur.

Une amie arriva, tel un ange tombé du ciel, et me proposa de rendre visite à une ''chamane'' ardèchoise. Quand je lui déroulai mon récit, celle-ci me dit que ce que j'avais vécu s'apparentait à un éveil spirituel ou encore un ''Appel des Esprits''. Manu était certainement un mot sanskrit- du moins la syllabe Ma, dont je devais chercher la signification. Il ne s'agissait pas d'hallucinations mais de visions qui me rendaient clairaudiente, clairvoyante et clairessentante. Dans mon réveil nocturne, mes pleurs et bercements, j'avais probablement fait un soin à l'enfant que fut Marilyn.


A partir de ce jour, l'intranquilllité que je vivais depuis 3 mois trouva une résolution. Entendu et considéré, mon discours s'inscrivait dans un répertoire singulier. Ce que j'avais vécu avait un nom : un voyage astral, encore un voyage entre les monde. Il me fallait appréhender ce nouveau paradigme et faire des ponts avec les anciens. Puisque tout était relié, la psychanalyse lacanienne et freudienne qui m'inspirait pourrait s'ouvrir et résonner avec d'autres instruments à vivre et penser. Lacan n'était finallement qu'un grand chamane clown, coyotte, maître du désordre, à sa façon bien singulière...


Je n'avais jamais entendu de sanskrit et n'avais que vaguement connaissance de l'existence de cette langue indo-européenne encore parlée aujourd'hui par une minorité et certain érudits, mais surtout une langue lithurgique- comme le latin en Occident, dans lesquels sont rédigés les textes sacrés de l'hindouisme, les Védas . Mes premières recherches me révélèrent que selon le Boudhisme Mahayana et tibétain, MA est la syllabe de la renaissance, de l'élévation et de la pureté. Entre autre acceptation, elle est celle qui porte, enveloppe, telle un mère qui aide à l'accomplissement et libère l'égo de ses souffrances inutiles. On la retrouve un peu partout et dans le monde entier. Notamment dans le mot AMMA, en langue malayalam, qui veut dire mère; dans Marie, la mère de Jeshua; Marie-Madelaine qui sont des mères universelles en qui chacun chacune est invité à prendre refuge; dans le fameux mantra de la grande compassion : OM MA NI PADME HUM, où le mot Mani signifie joyaux, joyaux de l'âme et du coeur. Dans la gamme indienne (sa-re-ga-ma-pa-dha-ni-sa), Ma est la note qui correspond à Anahatha, le chakra du coeur. Au Japon également, le MÀ est une modalité essentielle de la culture, utilisé dans l'art et l'esthétique. Définit comme un intervalle, un temps, une distance, envoûtante, qui s'ouvre entre une chose et une autre, le Mà fait référence aux variations subjectives qui relie ces deux objets séparés. Il est à la fois ce qui sépare un chose de l'autre et ce qui les réunit. Il représente une véritable voie de dépassement de la dualité du vide et du plein, comme ce voyage entre les mondes qui non seulement a relié ma conscience individuelle à la conscience cosmique et m'a démontré comment l'invisible à nos yeux terriens est pleinement habité.

Avec le temps, je devins sensible à cette syllabe sacrée.


MANU, quand à lui, ce nom sanskrit que j'ai entendu dans toute son entièreté, désigne le premier humain sur Terre, l'ancêtre des humains comme l'est Adam dans les religions abrahmaniques. Il est connu comme un sage qui dicta à des Richis (les voyants indous) le texte le plus ancien et le plus important de la tradition hindoue du Dharma, (l'Ordre cosmique) intitulé les Lois de Manu. Nous retiendrons que ces lois soutiennent la non-violence, la véracité, l'absence de tout désir de dérober, la non-soumission au désir, à la colère, à la convoitise et la nécessité d'activités dirigées vers ce qui est bon et agréable pour tout les êtres humains.

Mes recherches m'ont portées également vers le nom MANUSH dérivé de Manu, sur lequel on peut lire dans le dictionnaire sanskrit : ''Homme, le premier homme, humain doué de conscience. Dérivé de Man- le mental et Hush- la conscience''.

Selon Mâ Ananda Moyî, grande sainte de l'Inde du XX ième siècle, l'étymologie du mot Manush démontre que ''l'homme est naturellement appelé à rechercher la connaissance du Soi''.


Voilà comment ce premier mot entendu est venu résonner en moi, m'imprégner et me donner une direction : partir à la recherche du Soi, vers plus de Conscience, d'Humanité et de Joie.

Etaient-ce les grands bras de Manu, Deva, Être de lumière, qui me portèrent vers mon réveil pour ouvrir ma Conscience au sens du Dharma ?




A cette époque je décidai de ne pas revenir à l'hôpital et de prolonger ma disponibilité pour me consacrer à ce qui m'animait nouvellement.

Trois appels distincts et complémentaires : celui de la Terre, de l'Humus à l'Humanité, celui du Yoga, de la pratique ancestrale et chamanique aux textes sacrés philosophiques, et enfin celui du Clown, en tant que pratique artistique, prophétique et voie de réalisation.

Pendant un an, j'alternai dans toute la France, Wwoofing , cours/stage/retraite de yoga et atelier/stage/formation clown. Je me plait à dire que ce fût l'une des pus belle période de ma vie. L'apprenti-sage.

Le travail de la Terre consolida mon ancrage et ma reliance, soit ce que l'on nomme le lien Terre-Ciel, indispensable à l'humain, debout, entre ses ombres et ses lumières, entre son ordinaire et ses grâces, entre sa conscience egotique et sa conscience supérieure. La foule d'individu que je rencontrai dans les divers lieux que je traversai du Finistère à l'Ardèche m'apporta ouverture, patience, tolérance tout en perfectionnant mon savoir en permaculture. Je découvris à quel point la Nature, celle que l'on nomme Pacha Mama dans les traditions autochtones d'Amérique latine, est un Esprit à part entière. J'ai toujours aimé la Nature et y ai trouvé refuge. J'ai grandi dans un rapport immédiat avec Elle, au bord de champs franc-comtois généreux en herbes, en vaches, dans des forêts tendres et moussues. Petite- fille de paysans éleveurs, je ramassais, je cueillais, je plantais, je contemplais, j'humais, je jouais, m'inventais des histoires et communiait en Elle. A partir de cet Eveil, elle est devenue une enseignante sacrée, une guérisseuse, une amie, une Ame qui respire, donne, éduque, soigne, crie, pleurt, parle, habitée d'un Invisible et d'une magie. Mes premières discussions avec les arbres se présentèrent. Un appel irrésistible vers les grands Arbres que je commençais à voir, à recevoir. Ces arbres majestueux qui règnent ici ou là, qu'on ne voit plus mais qui pourtant donnent inconditionnellement et ont tant à dire. Il y a la sylvothérapie, et puis il y a celleux qui parlent aux arbres. Je me rappelle une de mes première discussion spontanée et inattendue lorsque, adossée à ce grand arbre d'un parc parisien, celui-ci se mit à me raconter tout ce qu'il avait traversé. Les guerres, les amoureux, les familles, les oiseaux... Sa voix grave et amusée, pleine d'amour, celle d'un vieux grand-père noble et distingué, m'apprenait à voir plus haut, plus loin. A voir à travers. Aussi fou que cela puisse paraitre, je pouvais recevoir des messages du Peuple Végétal.  Je canalisais malgré moi ! Arbres, végétaux, oiseaux, insectes, petits animaux me délivraient des messages régulièrement. Je pris alors cette habitude de dialoguer avec elleux, quotidiennement dans la simplicité de l'instant présent... comme on parle à un chat qui entend.

A cette époque de Wwoofing, les personnes qui m'entouraient, vivant elles-mêmes en pleine forêt en étaient persuadées depuis longtemps. Elles entretenaient les même bizarreries que moi à leur façon. On me parlait du petit peuple de la forêt, des elfes, des fées. J'acquiesçais cette nouvelle dimension, cette folie douce. Pour sur cela existaient. Les légendes prenaient une autre tournure. Les oeuvres de nos artistes, littéraires, graphiques, cinématographiques, théâtrales, passaient de constructions humaines imaginaires à transmission visionnaires, d'un inconscient collectif à la Reliance d'une réalité d'un autre plan, de multivers. J'appris que tout est animé et je devins animiste. Plus proche à jamais des sociétés primitives.

Le sauvage en moi exultait.


La Nuit vint également me déloger pour se dévoiler comme le temps le plus propice à un état de Reliance, de prières et de purification . Au-delà de la simple insomnie, habitée par une énergie qui me dépassait, je me réveillais en pleine nuit pour trouver refuge dans la contemplation des étoiles, ces soeurs amies d'où l'humanité s'origine. Appelée par la danse cosmique, certainement celle de Shiva Nataraja ( le danseur cosmique) ou Kali Durga cette déesse coupeuse de tête, je dansais, m'articulais, me désarticulais, me démembrais, me réamboitais, soufflait, respirais, crachais, fredonnais, chantait... habitée, incorporée certainement par ces divinités espiègles qui oeuvrait à travers moi. Je ne comprenais pas toujours ce qui m'arrivait, mais je laissais mon corps et mon âme faire, persuadée qu'un processus d'éveil était en cours, et qu'il m'en fallait passer par là. A tout moment, je restais pleinement consciente et observatrice de ces véritables rituels d'hommage au vivant.

Le fonctionnement du cosmos est celui d'une danse qui semble aléatoire mais qui pourtant est organisée de synchronicités parfaites. L'Inde est le seul endroit où les Dieux doivent danser. S'ils ne dansent pas, ils ne sont pas des Dieux. Celui qui devient la danse, devient le divin, devient un yogi. Sadhguru.


Je pris ainsi cette habitude de me laisser faire par l'Énergie, par l'Idée dirait d'autres. Accueillir le Divin là où il gît quand il se manifeste. Cette Autre dimension dont je ne pouvais faire fît transformait et enrichissait considérablement ma vie. Mon être au monde s'en trouvait plus apaisé, plus ouvert. Et quand bien même le mental jugeant posait résistance et rébellion, la force de l'appel à faire, travailler, être autrement, a toujours gagné bataille.


Infiniment, le Yoga oeuvrait en moi.

Le mot Yoga vient du sanskrit yug- qui signifie le joug, l'union, ce qui relie le corps à l'esprit, ce qui relie le Moi au Soi, le mental à la conscience supérieure, l'individuel au cosmique.

Chaque cours de yoga, pris dans mes multiples déplacement, me laissait entrevoir la diversité et la richesse de cette pratique millénaire. La créativité de l'enseignement raisonnait parfaitement avec mon âme à tout faire. Tout me paraissait évident, comme si je l'avais pratiqué depuis longtemps, y compris la vie à l'Ashram dans le collectif, le Seva, les temps de Mauna... des réminiscences apparurent... L'ascète, la religieuse, la monastique, la brahmane en moi s'y plaisait dans les profondeurs de son âme.

Je me mis donc à pratiquer quotidiennement et m'inscrit dans une formation au coeur du Finistère, dans un Ashram entouré d'une nature généreuse où l'art et la musique propre la culture yogique étaient mis à l'avant. Les asanas et pranayama redressaient mon dos, dilataient mes douleurs, sculptaient ma silhouette tout autant que mon mental, plus fort, plus digne, plus souple. Après une retraite d'une semaine dans un centre Satyananda de l'Aude, je commençai une Sadhana matinale de 3 heures. A cette époque l'énergie yoguique me traversait comme un courant électrique, une nécessité, de telle sorte que s'organisa autour de moi une formation intensive et accélérée en autodidacte. C'est là que la magie vient me rencontrer à nouveau. Allongée sur mon lit pour terminer en relaxation dans la posture de Shavasana, mon corps, alors baigné de lumière, sortait gentiment de son enveloppe. Plus rapidement certes, quelque 8 secondes, moins haut, 80 cm au dessus du lit, et je retombais. Mais je ne retombais pas sans rien ! L'espièglerie de l'Univers me laissait à chaque fois un joli cadeau afin de me mettre au travail: un mots sanskrit.

A l'époque j'avais pris soin de télécharger un dictionnaire sur mon ordinateur pour ne pas rater ces conversations avec le Divin. Manush, Purusha, Dharshana sont des mots d'une grande profondeur qui m'ont été livrés durant ces 3 sorties de corps.

Manush : comme nous l'avons vu précédemment, le premier homme, celui qui est appelé à élevé sa conscience pour atteindre le Soi.

Purusha : l'Etre non manifesté qui supporte par sa présence les activités de Prakriti, la nature. Témoin oculaire, conscience supérieure, qui regarde la vérité et nous invite à prendre place en elle, à se mettre en mouvement, acter un déplacement.  " L'arrière plan véritable de toute perception est le Purusha", nous dit Sivananda.  , "L'homme est la projection du Purusha suprême qui soutient l'univers" selon Mâ Ananda Moyî.

Dharshana : vision, point de vue, système philosophique qui vise à une connaissance salvatrice. Mais aussi ''vision du divin, d'une personne ou d'un objet auspicieux, être en présence de la divinité''. Le darshan est considéré comme une expérience spirituellement bénéfique qui aurait un pouvoir de guérison à divers degrés.


Avec toutes ces apparitions sonores, en quelque sorte, j'étais bénis !


Je restai assez discrète sur ces évènement à la fois extraordinaires et simples. Une partie de moi avait envie de témoigner au plus grand nombre, comme beaucoup le font pour parler de leur expérience mystique, spirituelle, extra-ordinaire, mais ça ne se fit pas. Je rabrouai mon ego, celui qui voulait faire de moi quelqu'un d'exceptionnel, une star de l'Invisible médiatisée, et je créai une entreprise au nom de Manush & Purusha. Voilà ce qui se fît facilement dans la matière et qui avait certainement plus d'importance que de rajouter un énième témoignage à tout ceux existants. Il fallait que j'apprenne à accueillir l'extra-ordinaire tout en restant ordinaire. Accueillir la grâce sans en faire tout un patacaisse. Et surtout partager, dans la matière, les enseignements reçus et révéler cet appel à transmettre la grâce, la beauté, la liberté, sans traîner !


Dans la même année, entre la permaculture et le yoga, le clown, ce bon vieux débonnaire, débarqua dans ma vie.

La première entrée en matière, signature de la suite, se fit lors d'un stage au coeur du Morvan, avec une enseignante et son comparse de l'époque - devenu aujourd'hui homme médecine. Iels nous faisaient pratiquer 2 heures de yoga Kundalini le matin avant de passer à un jeu introspectif, où états d'âme et état de corps constituaient la matière première, brute, de notre jeu d'acteur. Dans ce petit groupe intimiste, la puissance des émotions, exacerbées par la pratique et le cadre naturel, trouvaient un accueil à la hauteur de leur quantum d'affects. Tout semblait orchestré par le Divin. Nous jouions, gaiement, connement, douloureusement. Nos affects se mêlaient, se démêlaient, se poétisaient. Dans cette grande marmite bouillonnante et alchimique que propose l'espace scénique, l'individuel et le collectif ne faisait plus qu'un. Le jeu devenait un grand rituel. Nous en ressortions repus, grandis, épuisé, indéniablement vivant, connecté, vibrant plus que jamais.

Et ce fut une seconde évidence.  

Je continuai mon '''apprenti-pas-sage'''avec d'autres enseignants d'autres bord. Je compris que la scène pouvait être une catharsis divine bénéfique comme une fosse diabolique maléfique où autres névroses et psychoses ne trouvent aucune résolution si ce n'est une exposition fragilisante, voir déstructurante. On ne rigole pas avec le clown. C'est un art puissant et transformateur, tout autant que le yoga, qui mal pratiqué, peut engendrer bouffées délirante et autre état psychique limite. Il est donc essentiel d'y aller progressivement, d'avoir un cadre contenant ainsi qu'une une connaissance expérientielle de la psychée.

Je compris également que celui qui joue est un canal, comme l'est le chamane. Après avoir bien secoué la machine pour lâcher-prise, les cellules dilatées au maximum, le joueur peut se déposséder de lui-même pour accueillir l'Idée. Il faut se faire os creux pour recevoir l'archétype, le personnage, l'énergie, qui attend d'être incarnée sur le plateau. Alors se produit un état d'Awarness, de plein contact intérieur et extérieur, visible et invisible, conscient et inconscient, collectif et individuel, proche de la transe. Et c'est ainsi que la magie des synchronicités peut apparaitre sur la scène. Combien de fois ais-je ressenti la grâce pendant le jeu; le contentement, la plénitude après le jeu, enfin l'émerveillement, les yeux comme une enfant, face à l'improvisation qui se déroulait tel un spectacle divinement écrit de mes élèves apprentis ?


Puis plus tard, je découvris les clown-chamans. Clowns sacrés, véritables Maîtres du Désordre qui s'agitent dans tout les sens, foutent le bazar, font tout à l'envers, affichent tout haut le Chaos, pour que se fasse la grande Harmonie. A la fois intime et politique. De véritables régulateurs sociétaux que l'on retrouve dans de nombreuses traditions autochtones. Les plus communs se font appelé Heyokas chez les Lakotas, les Envers. On trouve aussi la Kachina burlesque chez les Hopis du sud-ouest des Etat-unis. Le rire médecin ou le gai rire -guérir par le rire, en sont certainement les intimes héritiers, tout comme nos grands carnavals indépendants et avant cela les bouffons du rois.

Dans la médecine animale, il s'agit du Coyote. Rien d'étonnant lorsque, durant ma première hutte de sudation, toujours à cette époque charnière, j'entendis subitement l'Esprit du chaman qui m'assignait : Toi Coyote, Toi Coyote ! Et moi de rétorquer perplexe : Bah, ...pas plus que les autres.

Et lui de rajouter : Si, toi Coyote plus !


Je compris des années et encore suis-je loin d'avoir tout compris. Posséder la médecine du Coyote n'est pas une mince affaire, encore moins une sinécure. Mais si cette médecine remue, elle soigne. Elle soigne de nos dualités, de notre ego infatué. Elle inverse les polarités, les secoue dans tous les sens pour les décharner de nos croyances construites illusoirement. Elle nous faire voir la grande Maya comme dirait les yogis, l'illusion devant le masque, l'illusion de la persona pour nous ramener au bon endroit. Dans le coeur. Elle brouille l'ombre et la lumière pour n'en faire plus qu'Un. Un Advaita Vedanta espiègle qui nous met à l'opposé de l'Idéal du Moi et dans un accord parfait avec notre Soi. La volonté intime de notre âme dans sa reliance à notre essentiel. A notre choix d'incarnation. Mais comme nous avons tout oublier en renaissant à la Terre, nous serons très surpris de là où cela nous mène. Et de cette surprise naîtra la drôlerie inhérente à ce foutu passage humain. Alors nous aurons acquis notre magie, dans un juste équilibre entre sagesse et folie et dans gain d'amour certain.




Indéniablement l'homme est un récepteur et émetteur d'ondes existantes dans le cosmos.

' Tels des postes de radio nous recevons et émettons.

Ce qui nous donne la Liberté et inévitablement la Responsabilité.

Liberté de choisir la fréquence qui nous correspond le mieux dans l'instant présent et Responsabilité d'incarner ce qui nous incombe dans l'Ordre cosmique suivant notre Dharma.

La souffrance qui nous traverse devient douleur lorsque nous sommes totalement identifié à l'état. Jouissance de la complaisance diraient les psychanalystes. Elle devient processus de guérison lorsque, conscient que nous sommes Amour, Ombre et Lumière, nous la laissons nous traverser, comme une soeur guérisseuse, dans son élan, et oeuvrer.

Canaliser la fréquence de la peur permet de nous en débarrasser. De même pour tout les états.

Jouer un personnage peureux, inquiet, affolé, angoissée nous purge au coeur de nos cellules. La répétition de caractère de personnage nous soigne. Il est donc primordial durant ce chemin d'éveil qu'est le clown, de visiter, revisiter, la multitude de personnages qui habite l''humanité. D'en passer, comme sur le divan, mais en accéléré, par des états d'inconfort, de toute-puissance, de mégalomanie, de folie. Pour que la lumière se fasse.

Jouer, non identifié, nettoie. Nettoie cette vie, et d'autres car comme en constellation familiale-chamanique, la scène du présent est le réceptacle de vies passées.



Et donc ouf ! La psychée et le fonctionnement mental sont bien modulables et non pas fixes pour toujours. La guérison existe ! Il suffit de jouer à. On dit que Krishna aimait se déguiser et que peu importe son costume, tous étaient l'origine du Divin. Ne sommes-nous pas toustes des joueurs.es sur la grande Scène de la Vie. Drame et jeu cosmique se mélangeant au gré de notre Conscience.

La pratique méditative qui consiste à observer ses pensées comme production du moi, séparées du Soi, afin de discerner, puis choisir avec éthique ce qui est le plus juste de cultiver intimement et collectivement, va dans le même sens que cette considération.

Nous ne sommes que ce que nous vibrons.

Et la vie nous renvoie en miroir la fréquence sur laquelle nous sommes branchées. Nous ne rencontrons que des personnes/des évènements, qui vibrent au même diapason.

Lorsque nous avons bien explorés nos excès dans toutes nos polarités, nos froids glacials, nos chauds bouillants, alors nous pouvons nous déposer dans la justesse du tiède, celle qui dure sur du long terme. Alors il n'y a plus d'échec, que des réussites. Et quand le mental a suffisamment observer cela, observer sa capacité à jouer à, qu'il a nettoyé, discerné, choisit maintes et maintes fois, reçu tout les enseignements des périodes dysharmonieuses...alors il peut accueillir le Langage du corps et Recevoir ce qui le transcende et le met au bon endroit. Bien souvent à l'opposé de ses ambitions égotiques.

Alors il n'est plus.

Plus de Moi, ou si peu. Si seulement.

Il n'est plus qu'un Canal Divin.

Et c'est son choix certain,

Etre dans le coeur et la conscience supérieure

Espiègle et habité

Le sourire au coeur

Les cellules en joie

Sans compromis.


Et chaque seconde nous avons cette chance folle et cette responsabilité incroyable, de choisir ce langage, cette Autre di-mension, cette autre dire qui transforme à tout jamais notre Parole, notre parle-être, en une parole incarnée, vibratoire, et peut-être même prophétique.


Ainsi, la lumière fût.

La lumière est.

La lumière sera.


Photos Aurélie BERGIER

  1. Inde du Sud, Kerala, Munnar

  2. Slovénie, forêt du Triglav

  3. Slovénie, Cyclamen sauvage

  4. Fougère de la Creuse, France

  5. Scarabé, parc national du Mercantour

  6. Dolomites italiennes

  7. Slovénie, Lac de Bled

  8. Italie, Visages dans la roche, Dolomites

  9. Slovénie, Lac de Bohinj

  10. L'âme du chêne, Vaunières, France

 
 
 

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